Le petit scientiste : Les nanotechnologies

Vers l'infiniment dangereux

Les scientifiques peuvent désormais travailler sur l'infiniment petit. L'atome est devenu manipulable, grâce à des outils de très haute technologie. Cette invention s'appelle les nanotechnologies, elle est décrite comme une « révolution » par les scientifiques. Mais cette technique n'est pas neutre : elle servira d'abord à fabriquer des armes du futur et à contrôler de manière totalitaire la société. La science-fiction n'est pas loin.

Les nanotechnologies, c'est un peu comme si vous faisiez de la cuisine avec des aliments de la taille d'un cheveu divisé par 100 000 ! Sauf que le chef cuisiner est un chercheur est que vos cuillères et casseroles sont des microscopes de très haute technologie. Manipuler l'atome est un vieux rêve de scientifiques aujourd'hui réalisé. (Pour se donner une idée de la taille d'un atome, on peut dire que le rapport entre un atome et une pomme est à peu près le même qu'entre une pomme et le globe terrestre). Comme un jeu de Lego, ces techniques permettent de démonter des molécules pour en créer de nouvelles aux propriétés particulières. Ces « nanoparticules » sont ensuite intégrées dans un autre matériau pour changer son usage ou l'améliorer. Les possibilités offertes sont immenses : un vêtement devient climatiseur, les caméras prennent la forme de poussière, les textiles sont absolument imperméables, etc.

Les nanotechnologies réunissent les savoirs de la physique nucléaire, la biologie moléculaire, la chimie et l'informatique. Pour travailler à l'échelle de un milliardième de mètre, il faut beaucoup d'investissement afin de créer une « cuisine » adaptée. L'État et les entreprises privées ont donc investi 200 millions d'euros pour construire à Grenoble « Minatec », le « premier pôle européen pour les nanotechnologies ». Ce super-labo sera inauguré le 1er juin par Jacques Chirac, qui le présente comme une source de « croissance » et d'emplois.

Pour la guerre d'abord

Les nanoparticules sont déjà présents dans les crèmes solaires, les verres autonettoyants ou certains pneus. Les industriels sont prêts à vendre un tas de gadgets inutiles pour consommateurs ébahis, de type pantalons auto-lavants ou peinture-pour-carosserie-de-voiture-qui-répare-elle-même-la-rayure, etc. Mais les nanotechnologies n'ont pas été inventées pour le bonheur du consommateur.

Elles serviront d'abord à faire la guerre. Le Commissariat à l'énergie atomique (CEA) et la Délégation générale pour l'armement (DGA), co-financeur de Minatec, choisissent les sujets de thèse et orientent les recherches de ce laboratoire. Déjà les chercheurs conçoivent des vestes qui durcissent au contact des projectiles, des spray imperméabilisant universel, des drones en forme de petites mouches aptes à enregistrer de l'information chez l'ennemi, voire à l'attaquer, etc. Comme la France est un des premiers marchands d'armes au monde, toute innovation qui peut être faite dans ce domaine a des implications stratégiques importantes.

Micro-caméras

Un petit groupe d'objecteur de croissance s'est développé en Isère et a fondé le collectif d' Opposition grenobloise aux nécrotechnologies (OGN). Ils tentent d'alerter leurs concitoyens sur les dangers de cette technique. Entre autres, celui de permettre la réalisation d'un outil de surveillance global, grâce à la fabrication de caméras, radios ou micros invisibles. Les entreprises sont intéressées par la technique des « étiquettes intelligentes » dits RFID pour « Radio Frequency Identification ». Le pouvoir politique ou policier imagine, lui, des cartes d'identités en formes de puces minuscules injectées sous la peau. Cela se fait déjà pour les animaux... et aussi pour les humains ! Depuis 2002, une société américaine, Applied Digital Solutions, commercialise Verichip, une micropuce sous-cutanée de la taille d'un grain de riz. Aux États-Unis, en Mexique ou en Espagne, Verichip est utilisée comme système d'identification dans des discothèques, des hôpitaux ou pour surveiller des prisonniers en liberté conditionnelle.

Dangers indéterminés

« Pièces et Main d'œuvre », groupe indépendant d' « esprit critique grenoblois », publie un petit journal appelé Aujourd'hui le Nanomonde. Ces empêcheurs de miniaturiser en rond soulèvent notamment la question de la toxicité des nanoparticules. « Les toxicologues ont montré que la petite taille des nanoparticules leur permet de circuler partout dans le corps, à travers la peau, le sang ou la barrière de protection du cerveau  », expliquent-ils dans leur bulletin.

Personne, ne connaît tous les risques liés à la dissémination des nanoparticules dans la nature. Peut-on ainsi inventer des nouvelles particules et les faire circuler librement, sans danger ? Nous ouvrons un champ d'expérimentation dangereux et incontrôlé.

À aucun moment les citoyens n'ont été consulté sur les nanotechnologies, pas plus qu'ils ne l'ont été sur les OGM ou sur le nucléaire. Nous devons exiger un vrai débat public sur ce thème et une information libre. Sinon, comme le soulignent les opposants au projet, nous nous acheminons non seulement vers « un scandale de l'amiante bis », mais aussi vers des outils de contrôle totalitaires et militaires sans précédent. Et la petite cuisine sera devenue une machine infernale.

La Décroissance soutient et relaie
l'appel du collectif d'Opposition grenobloise au nécrotechnologies :
Tous à Grenoble le 1er juin 2006 pour manifester contre l'inauguration de Minatec.

Sophie Divry

Plus sur : Pièces et main d'œuvre (http://pmo.erreur404.org/)
Et OGN (http://ogn.ouvaton.org/)